Essarts-en-Bocage Vendée. Bois et Forêt: le Premier ministre Jean Castex veut faire feu de tout bois pour cette filière (Rédaction Les Sables-d’Olonne)
REPORTAGE
Essarts-en-Bocage Vendée. Le Premier ministre Jean Castex fait feu de tout bois pour cette filière*
*veut mettre tous les moyens en oeuvre pour aider la filière bois et forêt.
Le Premier ministre Jean Castex était aujourd’hui samedi 24 juillet 2021 en Vendée à la rencontre des acteurs de la filière bois et forêt.
Il était accompagné de Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, de Franck Riester, ministre délégué chargé du Commerce extérieur et de l’Attractivité, et de Mme Bérangère Abba, secrétaire-d’Etat chargé de la Biodiversité.
VISITES
Le Premier ministre a visité un domaine forestier tout en participant à des échanges avec des représentants de l’Office national des Forêts.
Il a ensuite, vers 11h, visité les lignes de production de la scierie PiveteauBois*.
Une table ronde a ensuite été organisée avec des acteurs de la filière bois et forêt.
Extraits d’interventions: la Vendée est le département le moins boisé des Pays de la Loire. La famille Piveteau était à l’origine des menuisiers, donc avec une autre vue que celle que pouvaient avoir les scieurs.
Le Fonds forestier national a été supprimé fin 1999.
Le réchauffement du climat est un vrai problème pour les propriétaires de forêt; sont constatés aussi des problèmes sanitaires dus à l’effet de serre, par exemple les châtaigners sont attaqués par la maladie de l’encre (NDLR: Un tiers des châtaigniers d’Île-de-France sont touchés par la maladie de l’encre. Incurable, ce mal, qui resurgit à cause du réchauffement climatique, contraint l’Office national des forêts à abattre au moins 250 hectares d’arbres dans la région. Ils seront remplacés par des chênes, des cèdres, ou encore des merisiers. Source Wikipedia).
Le renouvellement des espèces est un vrai sujet. Il doit être soutenu, notamment, grâce au Plan de Relance.
Se pose aussi le problème de la valorisation des forêts. Il y a en France 136 essences contre seulement une vingtaine en Allemagne.
Il y a de moins en mois de scieries en France, un problème de rentabilité.
Il est nécessaire d’avoir une diversité des usages pour pouvoir assurer une diversification.
La transformation par M. Piveteau
Nous sommes des écologistes. Il est nécessaire d’avoir une forêt qui réponde aux besoins de la biodiversité.
On doit répondre aux besoins, sinon on subira des importations depuis la Suède, l’Allemagne, l’Autriche.
Actuellement, il y a 70% de résineux et 30% de feuillus. Cela correspond à peu près aux besoins du marché.
Il ne faut pas oublier qu’un arbre comporte 50% d’eau. Il faut donc le sécher et pour cela il faut avoir de l’énergie à bas coût.
Il est important de réindustrialiser.
Nous sollicitons le Gouvernement pour pouvoir faire fiscalement des provisions pour nos investissements. C’est ce qui se fait en Allemagne et permet de réduire les risques pour nos entreprises.
On ne doit pas laisser partir notre matière première en Chine*
(*NDLR: La filière du bois est actuellement en tension, d’abord en raison d’une forte demande depuis la reprise après les confinements dus à la crise sanitaire, mais aussi car la Chine a décidé de ne plus utiliser sa propre forêt afin de la préserver. De plus, la Russie et la Turquie ont bloqué leurs exportations. Cette demande forte entraîne des difficultés d’approvisionnement pour les chantiers en cours et fait grimper les prix).
Des pays d’Afrique ont bien compris l’importance de cette matière première pour leur bois exotique.
Pour ce qui concerne PiveteauBois, nous avons investi dans la société tous nos résultats depuis des décennies.
La construction par la directrice de LCA Bois.
Il s’agit d’une entreprise de 60 personnes. Elle travaille sur les charpentes et l’ossature bois.
A l’occasion du confinement, l’entreprise a développé son activité avec des machines numériques et des robots. Cela a permis de répondre à la forte demande actuelle du marché du bois.
Il est noté une demande importante de personnel qualifié; mais la formation d’un charpentier demande cinq années.
Nous avons besoins d’accompagnement pour nous structurer car nous sommes encore une petite entreprise. Par exemple, pour les appels à projet de l’Etat nous avons besoin de davantage de temps pour remplir les dossiers.
Il est fait référence aussi à la norme RE2020 (NDLR: une nouvelle réglementation prévoit une attention particulière pour l’environnement dans les prochaines constructions neuves de logements à partir du 1er janvier 2022, notamment en allant vers la suppression des gaz çà effet de serre).
Négoce: bois et panneaux (enjeux relatifs au marché)
Représentant de la société Point P.
Le sujet porte essentiellement sur l’approvisionnement.
Ainsi, il est indiqué que 60% du bois sur l’Ouest de la France provient de l’import.
Il est noté aussi que ce marché évolue avec une forte croissance sur cette zone, et que sont de plus en plus utilisées des ossatures bois pour la construction des maisons.
Et que la norme RE2020 booste et va booster la filière bois car elle est favorable en matière de décarbonation.
A noter aussi que la filière est totalement dérégulée actuellement en matière de prix en raison de la forte demande qui met la filière en tension.
Ainsi, des délais qui pouvaient autrefois être de 3 à 4 semaines sont désormais de 4 à 5 mois, et parfois même les scieurs ne répondent même plus aux sollicitations.
Environnement
Par le président de la FNEP Pays de la Loire.
Le bois de demain a déjà été planté il y a 20 ans, donc mener des prévisions à court terme n’est pas adapté au secteur de la forêt.
La mobilisation de la ressource pose problème. Il faut ménager la ressource et cela à un prix acceptable pour les propriétaires patrimoniaux de forêt qui eux sont obligatoirement dans une logique de long terme.
Pour eux, il n’y a pas que la production de bois mais également les loisirs avec notamment la chasse.
Il est alors question des cervidés. Et il est rappelé que la forêt doit être considérée comme du patrimoine.
Tous les ministres présents ont alors pris la parole.
Ci-dessous les éléments essentiels de la conclusion de Jean Castex, Premier ministre.
« Le réinvestissement de la forêt française est indispensable, dans toutes ses dimensions: environnementale, économique, sociologique. Nous sommes prêts, c’est la responsabilité de l’Etat, prêt à donner le déclic. Il faut que la filière s’organise, il faut que les professionnels prennent leurs responsabilités.
Pour les sujets à court terme comme l’approvisionnement, cela relevant du Commerce extérieur j’ai déjà saisi la Commission européenne. Nous espérons des réponses avant la fin de l’année, nous observons cela de près, en n’excluant pas des mesures conservatoires nationales à l’arrivée (NDLR: la Chine est alors mentionnée).
J’ai demandé aux ministres de me faire des propositions afin de lutter contre les traders. Ce sont des sujets très concrets concernant aussi bien des chantiers que le bricoleur.
J’ai demandé aux ministres et notamment au Ministre de l’Agriculture (NDLR: Julien Denormandie) d’agir sur la contractualisation afin de maîtriser (les choses) et ne pas voir s’envoler de la matière première, des ressources, au moment où nous en avons énormément besoin en France; les marchés sont fermés (à l’export) en Russie ce qui aura une incidence sur les prix.
On mène des actions à court terme, et cela dans le prolongement des actions que nous avons engagées. Nous avons largement la preuve que nous avons pris en main ce sujet avec la filière. Ce Plan d’investissement (pour la filière bois forêt) aura plusieurs volets, comme le Plan de relance qui comprend trois volets: l’écologie, la souveraineté économique, l’investissement dans les compétences humaines (formations).
Dans ce Plan d’investissement, nous travaillerons aussi sur un volet formations.
Nous avons été impressionnés lors de la visite de cette société Piveteau sur les investissements réalisés. Bien entendu, cher Monsieur Piveteau, votre appel pour des provisions sur investissements s’inspirant de ce qui se passe en Allemagne…. donc le Plan investissement aura aussi, comme le Plan de Relance, un volet formations et qualifications. Il est impérieux d’améliorer la qualification et les compétences notamment pour les jeunes qu’il faut séduire, mais c’est possible car vous avez des métiers qui font sens. On a un sujet d’attractivité des métiers.
Nous allons donc faire des actions de court terme en matière d’approvisionnement en utilisant la constractualisation pour lutter contre la spéculation, nous allons déployer des moyens dans le cadre du Plan de Relance à hauteur de 100 millions d’€, et nous rendrons la forêt éligible au Plan d’investissement.
(….) Nous nous réunirons avec tous les acteurs dès la rentrée, des acteurs qui devront prendre toutes leurs responsabilités car nous ne pouvons plus avoir une telle segmentation entre l’amont et l’aval, la forêt et le bois pour lesquels c’est la même problématique. Et je demande à ces acteurs d’avoir l’approche la plus large possible. L’approche environnementale, cela va de soi, l’approche économique c’est évident. (…)
Il faut respecter la forêt, ne rien faire c’est ne pas la respecter, la surexploiter ce n’est pas la respecter. Il faut trouver les équilibres.
En France, on est très bien doté, alors il faut que l’on sache exploiter cette richesse, ne pas la gaspiller, la faire prospérer. »
Pour toute précision vous pouvez nous envoyer un mail à:
lereportersablais@gmail.com
Philippe Brossard-Lotz
Le Reporter sablais
*La scierie PiveteauBois est à la pointe de la technologie grâce à une visualisation de la qualité du bois par imagerie.
Elle est leader en France du Cross Laminated Timber (CLT) – lamellé croisé -, d’une grande solidité et qui permet désormais des agencements sur de grandes hauteurs.