. PROJET DE LOI IMMIGRATION : POURQUOI JE ME SUIS ABSTENU ? Le texte sur l’immigration a été voté mardi soir en séance publique après de longues journées de négociations. En ce qui me concerne, je n’ai pas voté en faveur de ce texte parce qu’il n’est pas celui que nous souhaitions avec le Gouvernement. Il est bien une réécriture durcie reniant la volonté initiale du respect de l’équilibre entre une nécessaire fermeté contre les étrangers délinquants dont les comportements et les agissements contreviennent aux valeurs de notre pays et le volet intégration par le travail auquel je suis particulièrement attaché. Je plaide pour une société de l’ordre et de la justice en n’omettant pas sa dimension sociale. En cela la rédaction initiale répondait à ces exigences. En résumé, « méchant avec les méchants, gentils avec les gentils ». La réécriture du Sénat, durcie lors de la Commission Mixte Paritaire ne présentait plus ces conditions. C’est pourquoi je me suis abstenu. L’émancipation par le travail est une des valeurs que je porte depuis toujours. Elle est un des fondements de mon engagement politique. En Vendée Littorale, je suis interpellé chaque jour par des chefs d’entreprise qui ont de grandes difficultés de recrutement. Pour y faire face, ils ont recours à une main d’œuvre étrangère. Une main d’œuvre étrangère, courageuse, qui se lève de bonne heure le matin pour contribuer à la croissance et à la richesse de notre pays. Une main d’œuvre étrangère qui, après plusieurs années passées sur notre territoire, intégrée, ne peut toujours pas bénéficier d’une régularisation. Les chefs d’entreprise la réclamaient. Le texte d’hier devait permettre de corriger cela. Malheureusement, il complexifie les procédures et va maintenir ces étrangers dans la précarité. Je le regrette. Toute ma vie, je me suis engagé en faveur d’une France fidèle à nos valeurs républicaines de liberté, d’égalité, de fraternité et de laïcité, d’une France multiculturelle, accueillante et ouverte. Un accueil assuré dans des conditions dignes, respectueuses de ce qui fonde notre bien vivre ensemble, sans aucune forme de naïveté. Les Français souhaitaient un texte équilibré, ils l’ont exprimé. Celui qui a été voté hier ne l’est pas. Il comporte des mesures qui seront très vraisemblablement censurées par le Conseil Constitutionnel. C’est aussi une des raisons pour lesquelles, en responsabilité, je me suis abstenu. Le vote de la motion de rejet la semaine dernière adopté par une alliance des oppositions totalement baroque a empêché le débat parlementaire en hémicycle. Notre débat démocratique sur un sujet aussi complexe que l’immigration mérite mieux que la séquence proposée à nos compatriotes. Quand sur l’immigration, la CMP est conclusive avec l’aval de l’extrême droite, la grande famille républicaine doit, avec lucidité, considérer qu’il y a un problème et que certains garde fous sont malheureusement tombés. Il y a un peu plus d’un an et demi j’ai été largement élu face à la candidate du Rassemblement National. Mon engagement politique repose sur la relation de confiance que j’ai construit avec mon électorat. Je ne la trahirai pas pour cautionner un projet qui n’est pas celui pour lequel je me suis engagé, pour lequel j’ai été élu et pour lequel les électeurs de ma circonscription m’ont donné leur voix. Je reste fidèle aux engagements pris en 2017 et 2022, le combat contre toutes les formes de populisme et d’extrémisme. Ils ne dévieront pas. Ma fidélité et ma loyauté au Président de la République sont intactes parce que je sais que nous partageons une vision de la France qui allie justice, sécurité, fraternité et humanisme. Stéphane Buchou Député de la Vendée littorale Article précédent France POLITIQUE Immigration. Le Projet de Loi sur l'Immigration adopté définitivement à l'Assemblée nationale Par 349 voix contre 186 le projet de Loi sur l'Immigration a été adopté en ce mardi 19 décembre 2023 à l'Assemblée nationale. Quelques heures plus tôt, les sénateurs l'avaient également voté par 214 voix POUR et 114 CONTRE. Ces votes mettent fin à des débats houleux qui se sont succédés après que les opposants aient réussi, à l'Assemblée nationale, à obtenir à la surprise générale un rejet préalable lors de la première lecture. Quelques élus de la majorité avaient fait défaut lors du vote.... permettant le succès de cette demande de rejet. Depuis, c'est dans la douleur qu'une Commission mixte paritaire (députés / sénateurs) a fini par s'entendre sur une rédaction de certains articles du projet de loi, les principes humanistes des uns s'opposant aux vélléités de contrôles des autres. Les dérives de toutes sortes durant ces dernières décennies ayant entraîné une volonté forte de mettre fin à de nombreux abus, ou en tout cas de souhaiter les freiner du mieux possible. Le ministre de l'intérieur, Gérald Darmanin, souhaitant faire aboutir ce projet de loi afin d'apporter de nouveaux moyens à la police et de faire évoluer le cadre législatif s'est retrouvé prisonnier de ce rejet parlementaire, les LR réussissant du fait de leur majorité au Sénat à avancer leurs pions dans les négociations. Une fois que le texte de la Commission mixte paritaire fut élaboré et connu, les LR comme le Rassemblement national avancèrent que les propositions obtenues étaient soit de leur fait soient inscrits à leur précédent programme électoral. Quant à Marine Le Pen, c'est une douche froide qu'elle donna à ses adversaires lorsqu'elle annonça qu'elle voterait le projet de la Commission mixte paritaire. Après un épisode qui donnait l'impression d'un début de crise politique de grande ampleur, force a été pour la majorité macroninenne d'admettre son échec même si Gérald Darmanin a tenté de montrer une certaine satisfaction en minorant les changements obtenus par les LR. Une manière d'éviter le retrait du projet de loi par le Gouvernement, ce qui aurait donné un air de 49.3... Au-delà des habituelles auto-satisfecit des uns et des autres, c'est un tournant important qui est pris dans ce texte sur l'Immigration qui s'approche de celui - restrictif - voté en première lecture par les sénateurs. Un texte qui entend permettre un contrôle plus en phase avec les besoins et les nécessités, un contrôle de l'immigration afin d'éviter les "appels d'air", selon les partis de droite. Pour d'autres, cette évolution ne serait qu'une atteinte à un modèle social qui faisait de la France un exemple. Comme souvent, ce sont finalement une certaine logique et une nécessité économiques qui ont pris le dessus sur des volontés humanistes que la France n'a, aujourd'hui, plus les moyens économiques de supporter. Philippe Brossard-Lotz Le Reporter sablais