Noël est à peine achevé que deux présidents de clubs vendéens veulent encore faire scintiller des étoiles dans les yeux des footballeurs du département. Leur cadeau ? Un club vendéen susceptible d’évoluer en D2.
Christophe Chabot, président de La Roche-sur-Yon Vendée Football (La Roche VF) et Michel Reculeau, président du Vendée Luçon Football, ont décidé d’unir les forces de ces deux entités au travers d’une fusion dont l’objectif serait la création de fait de ce grand club évoluant en Ligue 2 que beaucoup appellent de leur voeux.
Les deux dirigeants estiment que leurs clubs sont complémentaires et qu’il y a tout à gagner d’une fusion : La Roche-sur-Yon dispose d’infrastructures aux normes (Stade Henri-Desgrange et ses 9000 places) ainsi que d’un réservoir de jeunes d’un bon niveau, cela en raison de son statut historique de club formateur et, sans doute, de sa position géographique centrale. Et son équipe 1 évolue en CFA2. La fusion pourrait d’ailleurs engendrer la création d’un Centre de Formation encore plus ambitieux.
Quant au Luçon Vendée Club, il évolue en National et apportera donc en dot son équipe 1, son expérience du niveau semi-professionnel et son team d’entraîneurs et éducateurs.
Des modèles économiques incertains
Le président de Luçon, Michel Reculeau, ne s’en cache pas : il est confronté au dilemme que connaissent beaucoup de dirigeants de clubs évoluant en National. Des frais conséquents et une image médiatique insuffisante par rapport aux clubs de Ligue 2 ou Ligue 1 pour espérer recueillir les finances nécessaires – en sponsoring, en entrées et surtout en droits de télévision – pour faire évoluer le club. Il est à l’initiative du projet de fusion car dit-il « c’est la 3ème année que Luçon était en National et il y avait une décision à prendre pour essayer de monter en Ligue 2 car autrement c’était peut-être l’arrêt comme pour le Poirée-sur-Vie ou Carquefou…. »
Pour Luçon cette fusion relève d’une certaine nécessité économique, tandis que pour la Roche VF et son président Christophe Chabot « c’est une opportunité. »
Un « Protocole d’accord » signé le 22 décembre 2015
La fusion n’est pas encore actée ! Elle le sera, si tout va bien, le 31 mars 2016 au plus tard. Pour l’instant, il s’agit ni plus ni moins que d’un Protocole d’accord qui met sur le papier un certain nombre de conditions et de décisions communes. Parmi celles-ci on notera la volonté des deux clubs de partager des valeurs qu’ils ont en commun ; le nom du futur club sera « Vendée Football Club » et ses couleurs seront le rouge et le blanc (couleurs du département et anciennes couleurs du club de Luçon) ; le logo devra comporter le nom des deux villes, Luçon et La Roche-sur-Yon ; le siège social sera situé à La Roche-sur-Yon tandis que le n° d’immatriculation sera celui de Luçon ; le statut devrait être une Société à Objet Sportif (S.O.S) – ou S.A.S – pour le club professionnel, complétée par une association pour les autres équipes ; le club sera dirigé par un président, qui sera associé à un président délégué, tandis qu’un troisième élu présidera l’association.
Les aspects financiers
Les deux présidents assurent n’avoir aucune inquiétude côté endettement, précisant au surplus qu’aucune fusion ne pourrait avoir lieu si l’un des deux clubs était endetté – des rumeurs font état d’un possible besoin de 150.000 € complémentaires pour Luçon. Cependant, si le futur club évolue en Ligue 2, l’ensemble des matchs se joueront à La Roche-sur-Yon ; le club de Luçon craint donc que certains de ses sponsors soient plus frileux en raison de la délocalisation qui réduirait leurs retombées publicitaires locales ; la question ne se posera pas en cas de maintien en National car il y aura alors un partage des matchs.
Cette désaffection possible sera sans aucun doute compensée par le rayonnement vendéen qu’aura le nouveau club et donc par l’attrait publicitaire qui en découlera.
C’est pourquoi d’ailleurs est prévue la création d’un club de « 85 » partenaires, membre à part entière de la future S.O.S.
Le budget global prévisionnel pour l’ensemble du club, toutes équipes confondues, serait de 2.300.000 €, soit un des budgets les plus faibles du National, et auquel les Collectivités territoriales devraient participer, mais de manière mesurée. Deux projets financiers prévisionnels ont été établis, l’un en cas de maintien en National, l’autre en cas de montée en Ligue 2.
Les délais et contraintes
Des contraintes administratives et réglementaires contraignent à créer la SOS pour fin février et à finaliser la fusion pour le 31 mars 2016. D’ici là, une rencontre aura eu lieu avec la Fédération Française de Football, le 14 janvier, pour obtenir notamment une dérogation de proximité. En effet, normalement seules peuvent fusionner les clubs qui sont à moins de 15kms l’un de l’autre (distance Luçon / La Roche-sur-Yon : environ 33 km). Mais des dérogations à ce principe ont déjà été obtenus par d’autres clubs en France. Cette réunion avec la FFF concerne tous les clubs susceptibles de monter en Ligue 2 ; les aspects financiers ne sont bien sûr pas absents des débats…
Dès l’obtention, espérée, de cette dérogation devront être finalisés les dossiers financiers avec les Collectivités, début février.
Un projet vendéen
Les deux présidents affirment que leur projet a beaucoup séduit tant auprès des élus qui souhaitent avoir un club vendéen en Ligue 2, qu’auprès des entrepreneurs qui ont une réelle envie de voir ce projet aboutir. « Le projet est ambitieux mais il ne se veut surtout pas prétentieux » déclarent-ils, ajoutant être confiants et optimistes.
Ils fondent l’espoir d’obtenir la dérogation fédérale car leur volonté est de fusionner l’ensemble des équipes et structures et non la seule équipe 1.
Nul doute qu’au vu de leur enthousiasme et de leur souhait de faire vivre le football vendéen au plus haut niveau, ils arriveront à surmonter les épreuves de toutes sortes et la complexité d’une fusion.
(ci-dessous : Vidéo)
Philippe Brossard-Lotz
Le Reporter sablais
Vendée Luçon Football : 390 licenciés – budget : 1.600.00 €
La Roche Vendée Football : 400 licenciés – budget : 710.000 €