Les Sables d’Olonne – Des générations de sauveteurs parmi les plus valeureux
Les Sables d’Olonne – Des générations de sauveteurs parmi les valeureux
Le plus célèbre d’entre eux fut Pierre Crouzillat (1835 – 13 juillet 1910) qui remporta tant de succès pour sauver les autres qu’il fut surnommé par ses concitoyens du titre non officiel de « Premier Sauveteur de France. » Pierre Eliopole Crouzillat est né à Ars-en-Ré (Ile de Ré) le 4 juin 1835. Ses liens avec Les Sables d’Olonne proviennent d’un mariage en seconde noce avec une chaumoise, Alma Trichet.
Son courage ne se limita pas à avoir épousé une chaumoise… c’est dans le sauvetage en mer qu’il montrera des qualités indéniables.
L’homme est courageux et il le montre déjà en 1857 lorsqu’il sauve à Brest deux hommes d’un incendie.
En 1861, il réside à La Chaume et six ans plus tard, en 1867, il est l’un des équipiers du premier canot de sauvetage de la Ville. En 1870, il habite sur Les Sables d’Olonne, au 3 rue du Palais.
Le naufrage de la chaloupe Coeur de Jésus et Marie
Le destin le sauve en 1868. En effet, un terrible drame arrive aux Sables d’Olonne: la chaloupe de sauvetage – dont il ne faisait exceptionnellement pas partie – est emportée le 24 avril 1868 avec six sauveteurs sablais.
En 1873, il se fait remarquer lors du naufrage du Bedlington, au large des Sables d’Olonne. L’une de ses interventions parmi de multiples, aussi bien au large que dans l’entrée du port, parfois très traître avec ses lames avant que la grande jetée ne soit construite (sa partie terminale d’une longueur de 100 mètres fut édifiée entre 1876 à 1883). C’est aussi dans la zone des Barges, très dangereuse, qu’il ira sauver des navigateurs ou marins perdus jetés sur les rochers.
Ce sont, en 41 années de sauvetage, 200 vies qui ont été sauvées en allant au secours d’une soixantaine de bateaux.
De nombreuses récompenses
Il s’arrêtera en 1898, douze ans avant son décès en 1910, après une belle carrière de sauveteur durant laquelle il obtient de très nombreuses médailles de courage.
Il fut décoré de la Croix de la Légion d’Honneur le 5 juillet 1882 par l’Amiral Jurien de la Gravière:
« Jamais cette croix n’a été placée sur une poitrine plus digne de la porter », déclara l’amiral en lui rendant hommage.
Un inventeur au service du sauvetage
Pierre Crouzillat ne se repose pas sur ses lauriers. En 1879, la station de sauvetage est fermée.Pierre Crouzillat est alors à l’initiative de la construction d’un nouveau bateau de sauvetage pour le port des Sables d’Olonne – construit selon ses plans et financé avec ses propres deniers! – l’Amiral Jacquinot en 1879, afin de poursuivre les sauvetages.
En plus il met au point un appareil de sauvetage en 1889, ce qui lui vaudra la médaille de bronze à l’Exposition universelle de Paris de 1889 et la médaille d’or à l’Exposition de Nice l’année suivante.
Cet équipement qu’il a testé dans les marais et en mer est un vêtement composé de deux toiles de caoutchouc collées l’une à l’autre et totalement imperméables auquel sont fixées des réservoirs d’air en caoutchouc. Une sorte d’ancêtre de la combinaison de survie.
Naufrage de la chaloupe Reine des Cieux LS 1079
Avant son dernier sauvetage, celui du vapeur Daniel Fricaud le 6 octobre 1898, c’est sur le canot de sauvetage – l’Amiral Jacquinot – que Pierre Crouzillat s’est à nouveau illustré lors d’une violente tempête en novembre 1891.
Alors que l’équipage était parti au secours de la chaloupe Reine des Cieux LS 1079, le canot de sauvetage a connu un triple chavirage. Le moment a fait la Une du Petit Journal du 28 novembre 1891 (un supplément illustré par Henri Meyer, diffusé à l’échelon national ce qui donnera un fort retentissement à l’événement).
Philippe Brossard-Lotz
Le Reporter sablais
(Sources historiques: Archives des Sables d’Olonne, archives départementales, Hervé Retureau).