Les Sables-d’Olonne Vendée. AFFAIRE Statue Saint-Michel: la Libre Pensée a ouvert la boîte de Pandore
AFFAIRE Statue Saint-Michel: la Libre Pensée a ouvert la boîte de Pandore
par Philippe Brossard-Lotz
Difficile de ne pas faire une corrélation entre l’affaire des crèches et celle de l’archange Saint-Michel !
Le tribunal administratif a donné raison à l’association La Libre pensée qui contestait la présence d’une statue religieuse sur l’espace public aux Sables d’Olonne. Le Tribunal a demandé dans son jugement le retrait de la statue sous six mois.
La Libre pensée entend s’appuyer sur la raison et la science. Elle condamne la domination sur les esprits et prône la tolérance. Elle considère les religions comme des obstacles à l’émancipation de la pensée, des dogmes divisant les hommes et cherchant à maintenir les masses dans l’ignorance et la servitude, développant dans leur esprit la superstition et la peur de l’au-delà, et pouvant les mener au fanatisme.
Sa volonté est de combattre toutes les idées, forces ou institutions qui tendent à amoindrir, asservir ou pervertir les individus, de défendre la paix, les libertés, les Droits de l’Homme, la laïcité de l’école et de l’Etat.
Pour les crèches, la messe n’est pas dite…
La Libre pensée a déjà mené un combat contre les crèches installées dans les lieux publics. Elle avait contesté la présence d’une crèche de Noël dans les locaux du conseil général de la Vendée durant la période des fêtes de la fin de l’année 2012.
Après plusieurs jugements, le Conseil d’Etat dans une décision du 9 novembre 2016, a coupé la poire en deux. Il y aura désormais deux sortes de crèches…
En effet, car si le Conseil d’Etat considère que la Fédération de la libre pensée de Vendée est fondée à demander l’annulation de l’arrêt du 13 octobre 2015 de la cour administrative d’appel de Nantes faisant droit à l’appel du département de la Vendée, il apporte en même temps un certain nombre d’éléments permettant, sous conditions, de pouvoir installer une crèche.
Et cela car le Conseil d’Etat constate qu’une crèche de Noël est une représentation susceptible de revêtir une pluralité de significations: une scène qui, certes, fait partie de l’iconographie chrétienne et présente donc un caractère religieux, mais aussi un élément faisant partie des décorations et illustrations qui accompagnent traditionnellement, sans signification religieuse particulière, les fêtes de fin d’année.
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Une sorte de victoire à la Pyrrhus pour La Libre pensée
En raison de cette pluralité, le Conseil d’Etat précise que l’installation d’une crèche de Noël, à titre temporaire, à l’initiative d’une personne publique, dans un emplacement public, est légalement possible lorsqu’elle présente un caractère culturel, artistique ou festif, sans exprimer la reconnaissance d’un culte ou marquer une préférence religieuse.
Et que pour porter cette dernière appréciation, il y a lieu de tenir compte non seulement du contexte, qui doit être dépourvu de tout élément de prosélytisme, des conditions particulières de cette installation, de l’existence ou de l’absence d’usages locaux, mais aussi du lieu de cette installation.
A cet égard, la situation est différente, selon qu’il s’agit d’un bâtiment public, siège d’une collectivité publique ou d’un service public, ou d’un autre emplacement public. Dans l’enceinte des bâtiments publics, sièges d’une collectivité publique ou d’un service public, le fait pour une personne publique de procéder à l’installation d’une crèche de Noël ne peut, en l’absence de circonstances particulières permettant de lui reconnaître un caractère culturel, artistique ou festif, être regardé comme conforme aux exigences attachées au principe de neutralité des personnes publiques. A l’inverse, dans les autres emplacements publics, eu égard au caractère festif des installations liées aux fêtes de fin d’année notamment sur la voie publique, l’installation à cette occasion d’une crèche de Noël par une personne publique est possible, dès lors qu’elle ne constitue pas un acte de prosélytisme ou de revendication d’une opinion religieuse.
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La crèche est d’emblée une leçon d’histoire
Devant la Cour administrative de Nantes de 2017 (donc après la décision du Conseil d’Etat), le département de la Vendée avait soutenu que:
– la crèche n’est installée, de façon provisoire, que pour la période des fêtes de Noël et a le caractère d’une exposition provisoire, à vocation culturelle et/ou artistique, sans connotation religieuse, dans le respect du calendrier républicain ;
– elle ne constitue pas par nature un emblème religieux, au sens de l’article 28 de la loi du 9 décembre 1905 ; – Noël est fêté par tous les Français ;
– la jurisprudence admet que les manifestations religieuses, qui ne troublent pas l’ordre public, correspondant à des traditions locales et populaires, n’enfreignent pas la loi de 1905, comme c’est le cas de la crèche installée dans le hall du conseil général de Vendée.
– l’existence d’une crèche dans l’hôtel du département de Vendée, qui est installée depuis que ce bâtiment a été réalisé, soit depuis 1987, correspond à un usage local ; le Conseil d’Etat a jugé que l’existence d’un usage local ne devait pas nécessairement s’entendre d’un usage continu et interrompu depuis la loi de 1905 ; si cette crèche est montrée à Noël, c’est que la République a choisi de maintenir la fête de Noël à son calendrier ; la crèche est donc d’emblée une leçon d’histoire ; la fête de Noël est devenue la fête familiale par excellence.
Et le département, dans sa requête, avait fait allusion aux (nécessaires) limites de « l’instransigeance des Ayatollahs de la Libre pensée » (sic). (La Cour rejettera la demande suppression de ces termes considérant que « pour regrettables qu’ils soient, ils n’excèdent pas les limites de la controverse entre parties dans le cadre d’une procédure contentieuse ; que, dès lors, il n’y a pas lieu d’en prononcer la suppression par application des dispositions de l’article 41 de la loi du 29 juillet 1881, reproduites à l’article L. 741-2 du code de justice administrative. // Article 41, alinéa 4, de la loi en date du 29 juillet 1881: « ne donneront lieu à aucune action en diffamation, injure ou outrage, ni le compte rendu fidèle fait de bonne foi des débats judiciaires, ni les discours prononcés ou les écrits produits devant les tribunaux« ).
De son côté, La Libre pensée avait fait référence à la Constitution et à la loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Eglises et de l’Etat.
Que disent les textes?
1er alinéa de l’article 1er de la Constitution : «La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances.»
Article 1er de la loi du 9 décembre 1905 (Loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat): «La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public.»
Article 2 : «La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte.»
Article 28: : «Il est interdit, à l’avenir, d’élever ou d’apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l’exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires ainsi que des musées ou expositions».
Note de la revue: nous avons mentionné en gras deux éléments d’importance. D’abord, il existe des exceptions pour des musées et expositions. Et, pour ceux qui craignent la suppression des croix, les édifices servant au culte ne sont pas concernés, tout comme tous les emblèmes religieux existant avant 1905.
Il n’est pas possible de décrocher les croix… au nom de la loi de 1905.
Arrêt de la Cour administrative de Nantes de 2017
Dans son arrêt du 6 octobre 2017, la Cour administrative de Nantes, reprenant les conclusions du Conseil d’Etat, et considérant:
– que la crèche en litige est, depuis l’achèvement de cet immeuble, et plus précisément depuis décembre 1990, installée chaque année, durant la période de Noël, dans le hall de l’hôtel du département de la Vendée, soit depuis plus de 20 ans à la date de la décision contestée ;
– qu’elle est mise en place au début du mois de décembre et est retirée aux environs du 10 janvier, dates qui sont exemptes de toute tradition ou référence religieuse, et que son installation est dépourvue de tout formalisme susceptible de manifester un quelconque prosélytisme religieux ;
– que cette crèche de 3 mètres sur 2 mètres est située dans un hall d’une superficie de 1000 m² ouvert à tous les publics et accueillant, notamment, les manifestations et célébrations laïques liées à la fête de Noël, en particulier l’Arbre de Noël des enfants des personnels départementaux et celui des enfants de la DDASS ;
– que, dans ces conditions particulières, son installation temporaire, qui résulte d’un usage culturel local et d’une tradition festive, n’est pas contraire aux exigences attachées au principe de neutralité des personnes publiques et ne méconnaît pas les dispositions de l’article 28 de la loi du 9 décembre 1905.
En conséquence, la Cour d’appel administrative a rejeté la demande présentée par la Fédération de la libre pensée de Vendée.
On voit donc que la Cour a repris les arguments du Conseil d’Etat, à savoir l’usage local, l’absence de prosélytisme ou de référence religieuse, le caractère temporaire, le caractère familial et la tradition festive (décorations de fin d’Année).
Elle a noté le lien ou la présence avec d’autres manifestations ou animations laïques comme l’Arbre de Noël des enfants du personnel.
Reste que, dans d’autres cas, d’autres lieux dans d’autres communes, il se pourrait que « le caractère culturel, artistique ou festif » soit plus difficile à prouver. Surtout si le juge a une considération limitée pour la culture, l’art, et l’esthétisme. Ou si l’histoire des Rois mages le laisse sceptique…
Un lien avec une exposition sur un thème proche, une exposition artistique et tenue en parallèle en un même lieu sera plus probant.
Quant au caratère festif, même cas de figure: il faudra que la crèche soit partie intégrante d’une manifestation festive – avec des sapins et d’autres décorations plutôt que toute seule – ou qu’elle soit installée localement depuis un temps certain pour en constituer une tradition.
Selon une jurisprudence, le rattachement – éloigné – à un marché de Noël, ou l’inscription au calendrier des manifestations festives de la commune ne sont pas éléments propres à convaincre le juge…
Le tout est de ne pas se méprendre entre le culturel et le cultuel…
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(Détail: Par une décision n° 395223 du 9 novembre 2016, le Conseil d’Etat, statuant au contentieux sur le pourvoi de la Fédération de la libre pensée de Vendée, a annulé cet arrêt du 13 octobre 2015 et renvoyé l’affaire devant la cour administrative d’appel de Nantes.
Par un arrêt n° 16NT03735 du 6 octobre 2017, la cour administrative d’appel de Nantes, statuant après renvoi, a annulé le jugement du 14 novembre 2014 du tribunal administratif de Nantes, et rejeté la demande présentée devant ce tribunal par la Fédération de la libre pensée de Vendée ainsi que le surplus des conclusions présentées par la Fédération de la libre pensée de Vendée en appel.
Par une décision n° 416348 du 14 février 2018, le Conseil d’Etat, statuant au contentieux, n’a pas admis le pourvoi de la Fédération de la libre pensée de Vendée.)
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AFFAIRE DE LA STATUE DE SAINT-MICHEL AUX SABLES D’OLONNE
Après ce long préambule, indispendable pour comprendre l’état d’esprit des parties prenantes, revenons à l’affaire de l’archange Saint-Michel terrassant le dragon, installée aux Sables d’Olonne.
Statue de Saint-Michel: une requête date du 28 janvier 2019
La Fédération de Vendée de la Libre pensée de Vendée fait une demande, en date du 17 octobre 2018 auprès du Maire des Sables d’Olonne, de retrait de la statue de l’archange Saint-Michel qui se trouve sur le domaine public communal, et cela au nom du respect de la loi de 1905 sur la sépération des Eglises et de l’Etat.
Par décision du 17 décembre 2018, le maire refuse cette demande.
Une requête est alors émise auprès du Tribunal administratif enjoignant au maire de la commune des Sables d’Olonne de procéder à l’enlèvement de la statue érigée sur la parcelle cadastrée section AL n°1258, située avenue Jean Jaurès.
L’histoire récente de la statue de l’Archange Saint-Michel
La statue de Saint-Michel fut longtemps exposée sur un bâtiment en surplomb de la cour de l’ancienne école privée Saint-Michel, devenue en 2012 l’école Saint-Elme, située dans le quartier Saint-Michel.
Les bâtiments de l’école Saint-Elme, plus adaptés, furent détruits et le foncier vendu pour la réalisation d’immeubles. L’école fut réinstallée dans l’enceinte du Collège Notre-dame de Bourgenay.
La statue fut d’abord déplacée dans un collège privé avant que la commune des Sables d’Olonne ne la récupère et décide de l’installer sur le parvis situé devant l’église Saint-Michel, non loin de son lieu précédent. Elle fut entre-temps restaurée par les services techniques de la Ville.
Avant
Après
Le jugement du Tribunal administratif de Nantes
Dans son jugement, le Tribunal administratif de Nantes indique que la fédération de Vendée de la libre pensée est fondée à demander l’annulation du refus du maire de la commune des Sables d’Olonne de retirer la statue de Saint-Michel de son emplacement et enjoint à la commune des Sables d’Olonne de retirer du domaine public communal la statue de Saint-Michel sis sur la parcelle cadastrée AL n°1258, dans un délai de six mois.
Le Tribunal administratif nota que pour son installation une cérémonie fut organisée par le maire (NDLR: Didier Gallot) le 6 octobre 2018 « en présence d’une délégation d’anciens parachutistes dont Saint-Michel est le Saint Patron. La statue, une fois dévoilée par le maire, lui- même ancien parachutiste, fut bénie par un prêtre, cette bénédiction confirmant son rattachement à l’iconographie chrétienne. »
A la suite de ce jugement, le maire des Sables d’Olonne a vivement réagit.
« La Ville ne se laissera pas faire et réaffirme que la place de la statue de l’Archange Saint-Michel est sur la place Saint-Michel, devant l’église Saint-Michel » a affirmé le maire, Yannick Moreau.
Puis, il a ajouté: « Au nom du bon sens et de la ville des Sables d’Olonne, j’ai décidé ce matin de faire appel du jugement du tribunal administratif de Nantes et de demander dans l’attente de la décision d’appel un sursis à exécution.
Les tribunaux de notre pays ont pourtant autre chose à faire que d’instruire les demandes abusives de laïcistes radicaux complices de la « cancel culture » qui cherchent à déboulonner un par un les attachements culturels millénaires qui ont forgé notre identité collective.
Au lendemain d’un acte de vandalisme inacceptable sur une statue municipale de la Vierge Marie et à la veille des fêtes de Noël, ces attaques contre nos racines et notre culture chrétiennes sont insupportables. »
Et pour encore mieux montrer son opposition à cette décision, il a fait installer sur la mairie, pour les voeux de la novelle année 2022, une gigantesque affiche mettant en valeur l’archange Saint-Michel.
« Les Sablais et leur Ville – Une histoire indéboulonnable – Belle année 2022 »
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QUE DIT EXACTEMENT LE JUGEMENT?
La commune des Sables d’Olonne a soutenu que le moyen soulevé tiré de la méconnaissance de l’article 28 de la loi du 9 décembre 1905 n’est pas fondé, et que le parvis de l’église Saint-Michel sur lequel est érigée la statue de Saint-Michel constitue une dépendance fonctionnellement indissociable de cette église.
Dans ses considérant, le Tribunal rappelle (extraits) :
(….)
– qu’aux termes de l’article 28 de la loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Eglises et de l’Etat :
« Il est interdit, à l’avenir, d’élever ou d’apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit à l’exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires ainsi que des musées ou expositions », afin d’assurer la neutralité des personnes publiques à l’égard des cultes.
Le Tribunal ajoute que « si la commune se prévaut d’un lien entre la statue et l’histoire locale en faisant valoir son choix de l’installer dans le quartier Saint-Michel, devant l’église éponyme, et en la présentant comme une œuvre d’art ancrée dans le patrimoine local et la mémoire des anciens élèves de l’école Saint-Michel, elle n’établit pas, alors qu’il est constant que la statue n’avait jusqu’alors jamais été exposée dans un espace public, que sa dimension culturelle, historique ou traditionnelle prévaudrait sur sa signification religieuse. La circonstance que cette signification ne serait pas exclusivement chrétienne, Saint-Michel étant également révéré par les juifs et les musulmans, est sans incidence à cet égard. »
En cela, le Tribunal ne retient pas l’approche culturelle ou artistique, ni l’existence d’usages locaux admis pour les crèches, en tout cas il considère que la signification religieuse prévaudrait sur la dimension culturelle et historique.
L’Article 28 prévoit des exceptions à l’interdiction: les édifices servant au culte, les terrains de sépulture dans les cimetières, les monuments funéraires ainsi que des musées ou expositions.
C’est sur ce terrain juridique que la Commune a vainement tenté de faire valoir ses droits en exposant que la statue était installée sur le parvis de l’église Saint- Michel, lequel parvis constituerait une dépendance de cette église. La statue devait donc, à ses yeux, être regardée comme indissociable de l’édifice servant au culte.
Mais le Tribunal n’a pas voulu l’entendre ainsi. Ei il l’explique ainsi:
« Si l’espace public sur lequel est implantée la statue litigieuse est attenant directement à l’église et présente pour celle-ci une certaine utilité, dès lors qu’il peut être utilisé comme parvis au début et à la fin des divers évènements religieux tels que les mariages, les funérailles et les baptêmes, il n’apparaît pas pour autant nécessaire à l’exercice du culte par le simple fait qu’il permet de faciliter la circulation et la sortie des fidèles lorsque des cérémonies religieuses sont organisées, alors que sa configuration en fait une place publique affectée à d’autres usages.
Dès lors, cette parcelle ne présente pas le caractère d’un ensemble immobilier indissociable de l’église et ne peut être qualifiée de dépendance d’un édifice de culte. La commune des Sables d’Olonne n’est, par suite, pas fondée à soutenir que la statue constituerait un élément indissociable de l’église Saint-Michel. »
On le voit, pour le Tribunal, il n’y a pas de lien indissociable entre la statue de Saint-Michel et sa présence sur le parvis d’une église Saint-Michel.
Le tribunal a donc enjoint à la commune des Sables d’Olonne de retirer du domaine public communal la statue de Saint-Michel dans un délai de six mois à compter de la notification du présent jugement.
La Boîte de Pandore
Dans la mythologie, Pandore est la première femme humaine créée par Zeus pour punir l’humanité car Prométhée avait volé le feu. Pandore était belle, pleine de grâce, intelligente, mais possédait aussi l’art de la tromperie et de la séduction.
Dans ses bagages une boîte mystérieuse. Zeus lui interdit de l’ouvrir !
Mais la curiosité de Pandore la poussa à l’ouvrir. Or, elle contenait tous les maux et les malédictions de l’humanité tels la vieillesse, la maladie, la guerre, la famine, la misère, la folie, le vice, la tromperie, la passion, l’orgueil ainsi que l’Espérance. Zeus voulait montrer que cette curiosité de Pandore avait pour conséquence que l’Homme ne pouvait espérer une vie parfaite sans les femmes, mais ni avec elles non plus.
L’expression « ouvrir la boîte de Pandore » signifie que quelqu’un a fait, de manière inconsidérée, un choix aux conséquences inévitables et malheureuses.
La Libre Pensée a ouvert la boîte de Pandore
Certains s’inquiétent de cette affaire et s’accordent à penser que Les Sables d’Olonne risque de devenir la destination de « démons » (politiques).
Avec l’Archange Saint-Michel, la ville était préservée de démons terrassés par Saint-Michel.
Depuis, pour certains, ils ont tendance à s’y donner rendez-vous…
C’est un peu cela que l’on retient de l’intervention du Parti communiste sablais qui appelle à la sérénité (6 janvier 2022).
Après avori indiqué – avec raison – que le débat malsain installé aux Sables d’Olonne était à cent lieues des préoccupations actuelles des Sablais – santé, le logement, l’éducation, l’avenir de la pêche artisanale – le PCF demande que cesse cette polémique qui nuit à tout le monde.
Mais surtout le PCF réclame de la municipalité une action visant à soustraire celle-ci « de l’emprise que Monsieur Zemmour entend mettre sur cette affaire ».
« Zemmour doit être déclaré « Persona non grata », au vu de son passé. (…) Monsieur le maire s’honorerait en se prononçant clairement pour refuser la présence de Mr Zemmour à toute manifestation publique en lien avec la décision du Tribunal Administratif.«
On voit bien que le PCF se serait passé de cette présence qui, qu’on le veuille ou non découle bien de la décision judiciaire. Une vraie boîte de Pandore…
Le PCF appela à se reunir le lendemain de la venue d’Eric Zemmour pour « contribuer à remettre les valeurs de la République à leur juste place et à apaiser les esprits. »
Des fleurs furent déposées, place de la Liberté, devant la stèle d’Odette Roux, ancienne maire communiste des Sables d’Olonne, Résistante et veuve de la Résistance.
Une cérémonie digne qui avait des airs d’exorcisme laïc et qui semblait avoir pour vocation de protéger la Ville des Sables d’Olonne d’une éventuelle influence nauséabonde.
(Pour l’anecdote, on rappellera que c’est le maire Didier Gallot (Divers droite) qui donna son accord pour la réalisation de la stèle au nom de la communiste Odette Roux, et c’est lui aussi qui donna son plein accord pour l’installation de la statue de Saint-Michel. Les affres de la petite histoire. Mais ce qui montre de sa part une certaine hauteur de vue).
Si le PCF a son « démon », d’autres ne sont pas en manque.
Ainsi, deux Conseillers municipaux d’opposition des Sables d’Olonne, Orlane Rozo-Lucas et Jacques Barreteau ont réagi. De façon implicite ils rejoignent notre opinion sur la boîte de Pandore.
« La ville des Sables-d’Olonne est en train de devenir un haut lieu de pèlerinage pour nostalgiques d’un passé idéalisé qui, comme tel, n’a jamais existé : Philippe de Villiers, Patrick Buisson ainsi qu’Eric Ciotti, Eric Zemmour et Marine Le Pen (…). »
Comme Saint-Michel ou le PCF, ils ont un « démon » politique. C’est Yannick Moreau.
Le « pôvre » ! Quelle que soit la carte qu’il choisit, il est toujours perdant… Un véritable jeu de bonneteau.
Il aurait soutenu Eric Zemmour, il aurait été lapidé. Il choisit de ne pas prendre de position « je ne m’engagerai personnellement pour aucun candidat dans cette campagne présidentielle », de ne pas influencer les Sablais, il est lapidé, par certains.
Yannick Moreau avait indiqué dans un communiqué.
« Homme de droite à la tête d’une équipe municipale d’union de la droite et du centre, je suis interpelé tous les jours par mes concitoyens pour savoir quel candidate ou candidat je soutiendrai lors des prochaines élections présidentielles.
En 2017, j’ai fait le choix de me consacrer à la ville nouvelle des Sables d’Olonne et de quitter mes engagements partisans nationaux. Ce choix est toujours d’actualité et mes responsabilités nationales se limitent aux associations d’élus (l’Association Nationale des Élus du Littoral présidée par Jean-François Rapin particulièrement) auxquelles j’apporte mon expérience d’élu local enraciné.
En conséquence, je ne m’engagerai personnellement pour aucun candidat dans cette campagne présidentielle.
Les Sablais n’ont pas besoin de moi pour savoir pour qui voter.
En revanche, je m’engagerai à faire vivre le débat démocratique. J’accueillerai tous les candidats et leur faciliterai l’organisation de réunions publiques ici aux Sables d’Olonne.
La France est à la croisée des chemins. L’élection présidentielle 2022 est décisive, probablement plus décisive que jamais dans l’histoire de la Vème République.
Mon rôle de maire sera de contribuer à faire vivre le débat ici aux Sables d’Olonne pour que les Sablaises et les Sablais soient éclairés sur les grands enjeux et les alternatives, et pour que la participation à ce scrutin majeur soit la plus élevée possible. »
Orlane Rozo-Lucas et Jacques Barreteau déclarent dans leur communiqué:
« Le courage en politique a désormais un nom, suggérant qu’il existerait des affinités électives peu avouables. Car ce courage de cacher ses sympathies idéologiques n’est pas récompensé à sa juste valeur par des candidats qui n’en ont cure.
Au point même que la ville des Sables-d’Olonne est en train de devenir un haut lieu de pèlerinage pour nostalgiques d’un passé idéalisé qui, comme tel, n’a jamais existé : Philippe de Villiers, Patrick Buisson ainsi que Eric Ciotti, Eric Zemmour et Marine Le Pen… qui se pressent pour obtenir l’adoubement du neutre des lieux.
(…) Eric Zemmour ensuite, le 8 janvier, accompagné de Philippe de Villiers puis Patrick Buisson. Ils ont été accueillis à la mairie par le neutre des lieux, avant l’interprétation de leur saynète place Saint-Michel destinée à instrumentaliser leur hostilité à la loi de 1905, révélant en creux l’inanité de leur projet politique. Quelle cruauté, chez ce candidat Zemmour, d’obliger le maire des Sables-d’Olonne à se départir de sa neutralité bienveillante, de l’obliger à cautionner implicitement le régime de Pétain (…).
Quand nous disions que chacun avait son « démon » !…
Ah, la fameuse boîte de Pandore qui contient tous les maux et les malédictions de l’Humanité…..
Yannick Moreau accueille le candidat Eric Zemmour à la Mairie des Sables d’Olonne, en présence de Philippe de Villiers.
Je ne soutiendrai personne, a affirmé Yannick Moreau, mais je recevrai tous les candidats qui viendraient aux Sables d’Olonne.
Le Reporter sablais a cependant posé la question suivante au maire:
LRS: « Vous avez indiqué ne soutenir personne pour les Présidentielles. Mais, le parrainage n’étant pas un soutien mais la volonté de permettre à un postulant de devenir candidat, comptez-vous apporter votre parrainage à l’un des postulants ? »
Yannick Moreau: Je suis pleinement d’accord avec le président des maires de France David Lisnard, et avec le président du sénat Gérard Larcher (NDLR: un parrainage citoyen permettant aux candidats représentant un courant important de pouvoir se présenter). Ce serait normal qu’ils puissent se présenter quel que soit leur camp pour des raisons démocratiques. Je suis aussi d’accord avec vous, un parrainage n’est pas du tout la même chose qu’un soutien pour les raisons évoquées par David Lisnard et Gérard Larcher. Je vous confirme que pour l’instant je n’ai pas apporté de parrainage. Je n’envisage pas vraiment, à ce jour, de parrainer car cela pourrait laisser penser à certains qu’il s’agit d’un soutien, ce qui ne serait pas le cas. Mais rien n’est finalisé, je réfléchis encore.
LRS: « Lorsque Eric Zemmour et Philippe de Villiers ont été accueillis à la mairie il y a quelques jours, en avez-vous parlé, avez-vous parlé de cette situation sur les difficultés de l’obtention des parrainages. »
Yannick Moreau: Ni l’un ni l’autre ne m’ont demandé de parrainage. Peut-être le feront-ils plus tard, mais non, aucune demande ne m’a été faite.
Eric Zemmour offrit un livre à Yannick Moreau, qui porte le titre de « Les Ecorcheurs ».
L’auteur, Charles Victor Prévost, vicomte d’Arlincourt, entend montrer que le pouvoir mal exercé ou illégitime est dommageable à la Nation ainsi qu’à toutes les familles.
Divisions et calamités s’ensuivent avec leur lot de folie, crimes, peste, famine, sans compter les néfastes occupations étrangères.
Une grande partie de l’action se passe la nuit ou dans l’ombre pour souligner la noirceur et l’oppression d’un pouvoir abusif.
Pour achever ce long tour d’horizon, laissons la parole à la Libre pensée de Vendée après avoir noté qu’elle s’affuble d’un slogan qui prête à sourire, non par ses objectifs mais par son caractère suranné:
« Ni dieu ni maître, à bas la calotte et Vive la Sociale ! »
9 janvier 2022
« De tous côtés, on n’entend plus que cela : la demande de la Libre Pensée de faire respecter l’article 28 de la loi du 9 décembre 1905 de Séparation des Églises et de l’État qui prohibe toute érection de symboles religieux à compter du 1er janvier 1906 dans l’espace public serait scandaleuse et participerait de la « cancel-culture » (culture de l’effacement).
En effet, l’espace public appartient à l’ensemble des citoyennes et des citoyens, il ne peut être marqué par une signification religieuse, ce qui serait contraire à la laïcité qui garantit la liberté de conscience de tous, dont tout le monde se réclame, mais dont tout le monde n’a visiblement pas la même conception.
L’espace public, dans l’esprit du législateur de l’époque, doit rester neutre comme doivent l’être les institutions de la République. Le corollaire est que dans l’espace privé, chacun est libre de professer son opinion « même religieuse » selon la Déclaration des Droits de l’Homme du 26 août 1789.
Ce n’est pas la place qui manque dans l’espace privé (qui est grand) pour mettre cette statue, où elle était d’ailleurs avant. Pourquoi l’avoir mise dans l’espace public, sinon pour marquer le caractère chrétien de la ville des Sables d’Olonne ? C’est confondre la Commune avec la paroisse.
(…)
D’abord, tous ces braves gens, dont l’ignorance le dispute à la bêtise et à la haine du genre humain, devraient nous dire en quoi les principaux artisans de la loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Églises et de l’État, Aristide Briand, Ferdinand Buisson et Jean Jaurès, ont introduit la « cancel culture ».
Ensuite, rappelons le sens de la position de la Libre Pensée sur la « cancel-culture »: lLa Libre Pensée n’est pas éradicatrice, ni iconoclaste. Il y a lieu de distinguer mémoire et Histoire. La mémoire établit des bornes et des frontières, pas l’Histoire. L’une est limitée, quand l’autre n’a pas de frontière.
La Libre Pensée n’est pas adepte de la cancel-culture. La révision, oui, pas le révisionnisme. On ne doit pas effacer l’Histoire et ses traces, mais on doit l’expliquer en permanence.
Il ne doit pas y avoir d’holocauste historique des traces du passé. Le Monument en hommage aux Fusillés de Châteaubriant le dit clairement : « Celui qui oublie son passé est condamné à le revivre ».
L’Histoire sert une cause, alors que la mémoire peut servir à toutes les causes, un peu comme le fameux Hôtel Printania à Vichy sous « L’Etat Français » de Philippe Pétain.
(…)
Force est donc de constater que toute cette agitation anti-laïque ne vise, à mauvais escient, qu’à stigmatiser nos concitoyens supposés être musulmans. Cette campagne vise à accréditer l’idée délirante que serait à l’œuvre un « grand remplacement » et que tous les musulmans seraient des terroristes en puissance menaçant notre pays.«
Dans une ITW sur LCI, Jean Regourd, président de la Libre pensée de Vendée, déclare:
« Notre mouvement n’a rien à voir avec la « cancel culture », avec cette notion de destruction de la mémoire, de révision de l’histoire. Ça n’a rien à voir puisqu’il s’agit très simplement de l’application de l’article 28 de la loi de 1905.
La votation organisée par le maire des Sables d’Olonne, une manoeuvre pour faire pression sur les tribunaux? Nous, nous n’avons pas à changer d’opinion puisqu’il s’agit de l’application de la loi: malgré la simplicité de cette affaire, on en fait (désormais) autre chose pour envenimer un débat.
Ce cas de Saint-Michel aux Sables d’Olonne n’est pas isolé, la statue de Jean-Paul II à Ploërmel a été déplacée, à Cogolin la Vierge noire* (a été déplacée car rue de la radasse) et celle de Saint-Maur à Cogolin (tribunal administratif de Toulon).
Il s’agit de respecter la liberté de conscience des citoyens, il ne faut pas chercher d’autres raisons.
Il s’agit d’une simplicité…. bliblique… » conclut avec humour Jean Regourd.
En réaction à tout cela, et évidemment pour des raisons stratégiques, le maire a décidé de lancer une « votation » afin de donner la parole aux habitants « sur la question de l’avenir de la statue de Saint-Michel ».
Une seule chose est sûre, Clochemerle n’est pas prêt de mourir….
Au surplus, méfions nous de la boîte de Pandore car ceux qui n’ont pas connu l’époque de la loi de 1905 n’imaginent pas les répercussions qu’elle a entraîné, les fractures qu’elle a créé !
Philippe Brossard-Lotz
Le Reporter sablais