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Les Sables-d’Olonne Vendée Globe. Les Skippers Jean Le Cam et Eric Bellion contre l’escalade technologique !


Les Sables-d’Olonne Vendée Globe. Les Skippers Jean Le Cam et Eric Bellion contre l’escalade technologique !


Après avoir indiqué qu’être présents pour le départ était déjà une victoire, faisant ainsi allusion à toutes les contraintes techniques, financières et sportives avant d’être qualifiés, Jean Le Cam et Eric Bellion ont parlé de leur projet en commun, mais toutefois séparé puisqu’ils partaient chacun sur leur propre bateau pour cette 10ème édition du Vendée Globe.


Des préparations de plus en plus longues
Des contraintes qui nécessitent des préparations en amont plus de 4 années avant la course !
Pour Jean Le Cam, il sera difficile pour des skippers et leurs sponsors, architecte naval et équipes techniques, de  participer pour le Vendée Globe 2028 si la préparation n’a pas déjà été enclenchée à ce jour, au regard notamment des règlements de qualification.
« L’argent, on peut en trouver (NDLR : parfois), mais le temps on ne l’arrête jamais » déclare Jean Le Cam.
Sébastien Simon, il y a quelques jours lors de son arrivée, allait encore plus loin : pour lui, le futur skipper vainqueur pour 2028 aura forcément un Imoca d’une génération postérieure à celle de 2024.
C’est dire la rapidité quadriennale des avancées en matière technologiques ou architecturales pour les Imoca !


Jean Le Cam et Eric Bellion : une collaboration très étroite 
« On n’a jamais été aussi loin dans la collaboration entre deux équipes, pour mener à bien un projet commun » indiquent-ils.
S’ils mentionnent l’importance de l’entourage pour la réussite d’un projet concernant le Vendée Globe, Jean Le Cam précise « qu’à deux on est plus fort, et dans la tête ça rassure ».
Encore faut-il que la relation tienne le choc : « Depuis tout ce temps, on est encore ami, ce qui n’est pas gagné d’avance…« . Le plus redoutable pouvant être un partenaire avec un égo surdimensionné….
Jean Le Cam s’en tient à deux mots pour décrire l’équipe qu’il forme avec Eric Bellion :
« Je suis le technicien, et Eric le littéraire » (sourires dans la salle….).


Mutualisation dans le cadre de la construction de 2 bateaux Imoca neufs
Derrière le mot de mutualisation, on peut ajouter bien plus : un partage, des échanges, une collaboration, une volonté de conception durable, de la sobriété…etc.
Mais aussi bien plus que cela : la volonté de montrer l’exemple, d’être dans l’air du temps en matière de développement durable. « Mais sans vouloir donner des leçons – nous ne sommes pas des censeurs – on propose notre vision. »
Eric Bellion indique : « Nos deux bateaux sont les bateaux de l’avenir. On a poussé le plus loin possible dès la conception (NDLR : les règles de la jauge Imoca ne permettent pas toujours d’aller aussi loin que possible) deux éléments majeurs qui sont : la sobriété et la mutualisation, deux éléments qui dépassent le sport. »
Parmi les résultats les deux skippers annoncent une économie de 1 million d’euros pour chacun des bateaux, et une baisse de 32% de l’émission de CO2 grâce à un partage de l’outillage et au choix d’un design sobre et sans foils.


Sans foils : les explications de Jean Le Cam
Pour Jean Le Cam, l’explication est évidente : il veut naviguer sur un bateau qui reste le plus simple possible et qu’il puisse maîtriser de bout en bout, sur la totalité du parcours du tour du monde, donc durant les 80 jours environ !
Ils sont dans l’air du temps, disent-ils, avec des projets accessibles.
« Plus on va dans une escalade technique, compliquée, qui va faire appel à des personnes spécialisées dans un domaine, moins ce sera accessible pour les jeunes générations futures. 
Or je pense que l’accessibilité de pouvoir courir sur ces bateaux est un élément important car l’ADN du Vendée Globe reposait sur une accessibilité aux PME et aux jeunes » précise Jean Le Cam.
« Notre projet à Eric et moi est dans cet esprit là ! »


Le souhait d’une absence de différenciation
Discrimination entre les blondes et les brunes ?
Jean Le Cam ne souhaite pas, derrière cette image de blondes et de brunes, que l’on fasse une différenciation entre les Imoca foilers et les autres, ceux à dérives (NDLR : à dérives = ceux sans foilers).
Ces derniers représentant quand même 37% de la flotte au départ du VG 2024.
« On ne compte pas pour des prunes » poursuit Jean Le Cam, décidément très en verve, et apparemment fin connaisseur du répertoire de Lio.


Contre l’escalade technologique
Jean Le Cam ne mégotait pas quand il souhaitait agir pour le développement durable.
Il avait, dit-il « proposé à la classe Imoca (NDLR : association qui gère la jauge et les compétitions Imoca) d’arrêter de permettre la construction d’Imoca neufs si on voulait être très-très raisonnable pour le développement durable ».
(Note de la Revue : Pas forcément de manière permanente mais pendant une certaine période. C’est à dire lancer des Vendée Globe avec les Imoca existants et, sans doute, relancer les constructions neuves lorsque les Imoca anciens partiraient au rebut…).
Jean Le Cam n’est toutefois pas aveugle : « Architectes et chantiers ne seraient pas contents… »
Par opposition à la construction d’Imoca neufs, « notre projet de mutualisation, tel qu’il est là, va dans une voie du raisonnable. »
Du raisonnable mais à contre-courant ; face à eux, Jean Le Cam et Eric Bellion ont ce qu’ils appellent « le plus compliqué, le plus technique, le plus cher !« .
Et Eric Bellion n’hésite pas à dire qu’avec leurs Imoca à dérives ils ne remplissent pas « les magazines avec des photos d’Imoca qui volent ».


Pour 2028, c’est plié, leur horizon c’est 2032
On l’a dit plus haut. Les projets pour le Vendée Globe démarrent désormais avant quatre années, c’est-à-dire avant même que le vainqueur de l’édition précédente soit connu !
Pour Jean Le Cam, changer les façons de faire pour 2028 est impossible. Il espère modifier l’état d’esprit – c’est-à-dire ralentir la course à tout prix à la technologie et à la vitesse pour 2032.
Jean le Cam et Eric Bellion ont avancé dans la simplification et le développement durable avec leurs deux bateaux version VG2024, mais ils auraient pu aller beaucoup plus loin disent-ils :
« C’est la jauge Imoca fixée qui nous a contraint, mais on a des idées pour un bateau hyper simple qui nous permettrait, nous marins, de naviguer davantage !« .
En effet, les candidats à l’Everest des mers, passent plus de temps en chantier, derrière un ordinateur, à partir à la chasse aux sponsors qu’à naviguer !
« Et si on faisait des bateaux pour les marins !… » lancent-ils. Une proposition qui risque d’en laisser plus d’un perplexe… !


Philippe Brossard-Lotz

Le Reporter sablais

lereportersablais@gmail.com
Soutien à la rédaction : https://donorbox.org/le-reporter-sablais


2 Vidéos ci-dessous


1ère vidéo ci-dessous


 



2ème Vidéo ci-dessous à partir de 18mn54


 


 

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Un commentaire

  1. bonjour bien que position/proposition pleine de bon sens, combat perdu d avance , on n’arrête pas la course à la technologie et et la vitesse …trop d acteurs ont intérêt pour des question de fric, de notoriété de gloire à poursuivre toujours la course contre le chrono….

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