Les Sables-d’Olonne Vendée Globe. Sébastien Simon : le Vendée Globe en ligne de mire depuis l’enfance
Les Sables-d’Olonne Vendée Globe. Sébastien Simon : le Vendée Globe en ligne de mire depuis l’enfance
Le Vendéen est de retour, quatre ans après un abandon au large de l’Afrique du Sud. Une nouvelle participation qu’il doit au Groupe Dubreuil qui l’accompagne depuis mai 2023.
À bord de l’ex-11th Hour Racing, Sébastien Simon a connu une préparation express et spectaculaire.
Il rêve désormais d’aller au bout et ne s’interdit pas de jouer les trouble-fêtes dans le ‘top 10’.
Sébastien Simon est un rescapé de l’histoire du Vendée Globe
La course de ses rêves, celle avec laquelle le Sablais a grandi, semblait se refuser à lui. Il avait abandonné la dernière édition au large du Cap de Bonne-Espérance, ses sponsors l’avaient quitté, le temps filait et une nouvelle participation s’éloignait au fil des mois.
Et puis il y a eu un texto, en mai 2023, celui de Paul-Henri Dubreuil. Son groupe vendéen, à la tête notamment des compagnies Air Caraïbes et de French Bee, souhaite un bateau à ses couleurs, au Vendée Globe, pour fêter ses 100 ans d’existence.
Les deux hommes se connaissent et se font confiance. Alors ‘Seb’ replonge dans l’aventure, acquiert l’ex-11th Hour Racing qui vient de remporter The Ocean Race, constitue une équipe et dispute quatre transatlantiques en moins de dix mois.
Tout n’a pas été facile dans ce contre-la-montre effréné mais le skipper sera bien sur la ligne de départ (ITW du 31 octobre 2024), là où il a toujours rêvé d’être.
PODCAST de Sébastien Simon
Interview daté du 31 octobre 2024
(Sources : Saem Vendée Globe)
Vendée Globe :
Qu’est-ce que tu ressens à l’idée d’être au départ après tout ce que tu as traversé ?
Sébastien Simon : Il y a un sentiment de fierté et de soulagement. J’ai douté pas mal de temps avant d’espérer être au départ et revenir. C’est aussi la satisfaction du travail accompli avec mes sponsors et mon équipe. On a bossé d’arrache-pied pour en être !
Vendée Globe :
Avant le texto de Paul-Henri Dubreuil, croyais-tu encore en tes capacités à disputer un jour le Vendée Globe ?
Sébastien Simon : Oui j’y croyais, je savais que tout était une question de patience, d’énergie, de sacrifice. Quand j’ai reçu le texto, je m’apprêtais à quitter Halifax (Canada) après avoir démâté à bord de Guyot Environnement lors de The Ocean Race. Sur le moment, j’ai eu du mal à y croire. La recherche de partenaires a tellement été longue, il y a eu beaucoup de faux espoirs… C’est deux ans de travail et d’attente avant que tout se déclenche en une seconde !
Vendée Globe :
Ensuite, tout s’est vite enchainé…
Sébastien Simon : Le projet a réellement débuté en juillet 2023 ce qui nous a laissé à peine plus d’un an pour se préparer au Vendée Globe. On partait d’une page blanche : il fallait trouver les ressources humaines et le matériel aussi parce qu’on n’avait pas un tournevis ! On a monté une équipe et on a montré qu’on était capable de grandir ensemble au fil des courses. Même si le timing a été serré, on a fait une belle préparation et on s’est rassuré à l’image du bon résultat à New York – Vendée Les Sables d’Olonne (4e). On sait que rien n’est acquis pour le Vendée Globe mais l’équipe est prête, concentrée et mobilisée.
Vendée Globe :
Dans ta préparation, il y a eu Retour à la Base en décembre dernier. Tu as été victime d’une commotion cérébrale, d’une cervicale cassée, puis d’un démâtage… Comment as-tu vécu cette succession d’événements de l’intérieur ?
Sébastien Simon : Je n’ai aucun souvenir de l’accident. J’étais 3e de la course, j’imagine que le bateau volait et qu’il y a eu une forte décélération. Le bateau a planté d’un coup et j’ai dû être projeté à l’intérieur. Ensuite, tout était trouble et confus. J’ai appelé ma team manager pour suivre un protocole d’urgence, puis le médecin mais je n’en ai aucun souvenir. J’avais le visage ensanglanté, je me suis agrafé le front, j’ai appelé ma fiancée qui a tenté de me dire où j’étais. Je savais juste que c’était une course qualificative pour le Vendée globe et qu’il fallait que j’aille au bout. J’ai fait une escale technique de 24 heures aux Açores parce que j’avais un blackout d’énergie à bord. Et puis à 12 milles de l’arrivée, alors que j’avais des douleurs insoutenables pour respirer, j’ai démâté. Je me suis débrouillé pour faire un gréement de fortune et couper la ligne.
Vendée Globe :
Après ton arrivée, les médecins ont découvert que tu avais une vertèbre cassée, ce qui t’a immobilisé pendant trois mois…
Sébastien Simon : Je ne sais pas si je serais capable de revivre ça. J’en ai envie de ce Vendée Globe, j’avais envie de montrer à ceux qui m’accompagnent et qui me soutiennent qu’ils ont eu raison de me faire confiance. Après, ce que j’ai vécu est très extrême. Ça démontre à quel point notre sport est de plus en plus violent. Nous avons d’ailleurs adapté le bateau en conséquence pour que ça ne se reproduise pas.
Vendée Globe :
Tu as souvent bataillé dans le ‘top 10’ voire le ‘top 5’ des courses précédentes. Ce sera ton objectif ?
Sébastien Simon : J’ai du mal à me positionner. La New York Vendée – Les Sables a laissé entrevoir de belles choses. J’ai un super bateau et c’est à moi de prouver ce dont je suis capable. Mais l’objectif, c’est surtout d’aller au bout, je garde encore en tête la frustration de l’abandon du précédent Vendée Globe. J’espère aller au bout et si je sors des mers du Sud avec un bateau dans un état correct, je suis sûr que les résultats suivront.
Vendée Globe :
Comment composes-tu avec tous les aléas de la course ?
Sébastien Simon : Mon abandon il y a quatre ans avait été lié à un phénomène aléatoire (le choc avec un Ofni). Ces derniers mois, nous avons beaucoup travaillé sur la fiabilisation du matériel afin de diminuer au maximum le risque de petites avaries ou de pannes. Je pense que je connais bien les limites du bateau pour les avoir déjà franchis plusieurs fois. Et puis l’expérience va compter même s’il me reste encore un peu d’insouciance.
Vendée Globe :
Est-ce qu’on peut s’attendre à une course qui explose les compteurs et le record de 74 jours ?
Sébastien Simon : Oui j’en suis persuadé. Il y a quatre ans, nous n’avions pas eu beaucoup de chance avec la météo. Mais si on compare les bateaux de l’édition du record (74 jours, Armel Le Cléac’h, en 2016-2017) et ceux de maintenant, ça n’a plus rien à voir. Nos bateaux ont des vitesses moyennes incroyables et nous savons plus les exploiter à 100% sur du long terme. Je suis sûr que le record sera battu.
Vendée Globe :
Ton projet est un des plus vendéens et sablais. Tu es né à La Roche-sur-Yon, tu portes les couleurs d’une entreprise vendéenne…. C’est un motif de fierté ?
Sébastien Simon : Ce qui est sûr c’est que je me considère comme un enfant du Vendée Globe. Je suis né quelques mois après la première édition, j’ai grandi avec la course, je l’ai suivi, je l’ai vu évoluer. Pour moi, c’est exceptionnel d’y participer et d’être accompagné par une entreprise vendéenne. Maintenant, il faut la terminer !
Réalisation : Saem Vendée Globe
Sébastien Simon et le Groupe Dubreuil
Vidéo :
Sébastien Simon et Paul-Henri Dubreuil s’expriment, l’un après l’autre, sur le partenariat passé par le Groupe Dubreuil avec le skipper.
Ils se sont rencontrés lors d’un tournoi de tennis au Vendéspace. L’occasion de réfléchir à un éventuel partenariat qui s’est concrétisé après le Covid.
Une belle opportunité pour Sébastien qui souhaitait à tout prix concrétiser son rêve d’enfance, le tour du monde dans la fameuse course au large du Vendée Globe.
Paul-Henri Dubreuil dirige désormais le groupe vendéen et familial Dubreuil développé par son père Jean-Paul Dubreuil – dont l’histoire entrepreneuriale est passionnante, de l’épicerie du grand-père Henri jusqu’à la compagnie d’aviation Air Caraïbes -.
Paul-Henri Dubreuil a décidé de se lancer dans la magnifique aventure du Vendée Globe, avec l’accord du reste de la famille, afin d’écrire une belle et nouvelle page sablaise.
Paul-Henri Dubreuil laisse entendre, en fin de vidéo, que le partenariat pourrait se poursuivre après le Vendée Globe 2024.
Philippe Brossard-Lotz
Le Reporter sablais