Les Sables-d’Olonne Vendée. La Ville des Sables subit-elle un sur-tourisme ?

Les Sables-d’Olonne Vendée. La Ville des Sables subit-elle un sur-tourisme ?

L’importance de la connaissance de chiffres fiables en matière de tourisme a toujours conduit à trouver les méthodes les plus diverses pour s’approcher au plus près de la réalité.

Des chiffres qui ont toujours été très approximatifs. Imaginez ! Autrefois, disons dans les années 1950, on plaçait des compteurs sur les routes pour comptabiliser les passages de voitures.
On s’appuyait aussi sur le nombre de billets de train qui avaient été vendus vers la destination concernée.
Plus adéquates étaient les remplissages hôteliers, de camping, les ventes en supermarchés etc…
Plus récemment, des estimations ont été faites en fonction des tonnages de déchets ! Un moyen assez fiable, paraît-il, pour calculer le nombre de résidents sur une période précise.

Des approches peu scientifiques mais qui avaient le mérite d’aider la démarche et de faciliter, ensuite, les prises de décision pour des commerçants, des entreprises, les élus des collectivités mais aussi pour l’Etat :
– saisonniers nécessaires, développement des équipements, quantité de produits à fournir, volumes d’eau nécessaires, agrandissement du réseau routier, prévisions pour les trajets ferroviaires, police et services de sécurité, transferts estivaux pour les pompiers etc….

Les satellites ont changé la donne
Chaque habitant, ou presque, étant désormais doté d’un smartphone, les positions GPS permettent anonymement de connaître, grâce à un système de flux géré par un opérateur téléphonique, le nombre de personnes présentes dans une zone précise à un instant T.
Le système est efficient et permet grâce à des recoupements de déterminer les présences sans extrapolation exagérée.
Aujourd’hui, c’est à partir de ce système, Flux Vision (Orange), que la plupart des communes – et leurs offices de tourisme – déterminent le nombre de visiteurs / résidents durant la période estivale, hivernale, scolaire ou événementielle.

Pour Les Sables-d’Olonne, dont le nombre d’habitants est de 48.400 pour la Ville, et de 58.000 pour l’Agglo, le besoin connaître la population estivale est impérieux pour une bonne gestion des flux, des occupations, de la circulation, des stationnements, et de l’encadrement sécuritaire nécessaire etc… d’autant plus que c’est le littoral qui attire le plus de monde : 69% des touristes en Vendée sur le littoral contre 6% dans le bocage vendéen.

Les estimations laissent à penser – grâce au système smartphone / GPS // Flux vision – qu’il y a environ 300.000 habitants durant l’été au pic du mois d’août (soit 6 fois la population habituelle).
Et environ la moitié (100 à 150.000) durant des vacances scolaires ou lors de week-ends ensoleillés ; car, l’évolution des moeurs fait que désormais les Français viennent de plus en plus au bord de la mer lors des week-ends, ce qui ne se faisait pas du tout dans les années 60 ou 70.

Alors, des mesures ont été prises afin de réduire les goulots d’étranglement.
Sans que les habitants ne l’aient su au tout début, cela fait plusieurs années qu’aucune campagne de promotion touristique n’est faite pour les périodes de juillet et août aux Sables-d’Olonne ; il y a bien assez de touristes à ces dates juge le Maire de la Ville.
De nouvelles propositions pour les mobilités visent à réduire la place de la voiture : vélo libre service, bus navette gratuite, parkings en entrée de ville, réduction de l’accès sur les quais du port etc…

Restrictions, quotas…dans les grandes villes touristiques à l’international
Dans de nombreuses villes touristiques internationales, des manifestations contre le sur-tourisme se font jour. La raison ? Certaines villes passent de 1,2 millions à 18 millions en période touristique, soit 15 fois plus !
Pour Venise, c’est bien pire : pour 1 habitant, il y a 73,8 touriste ! (Sources : AirBnB).
La démocratisation du tourisme – notamment la baisse du prix des places d’avion – et le développement de classes moyennes favorisent ce sur-tourisme.

Alors, ici et là commencent à être mises en place des restrictions d’accès avec des quotas, notamment afin d’éviter la destruction de milieux naturels ou pour maintenir un cadre de vie agréable, pour permettre aux habitants d’un lieu de vivre dans un certain calme sans se sentir envahis en permanence.
Certaines villes internationales commencent à proposer des tickets payants à la journée, à réduire les logements locatifs touristiques, à limiter les accès en instaurant des jauges de visiteurs (certains points des calanques de Marseille : calanque de Sugiton). Des interdictions ponctuelles ont été mises en place pour des îles ou plages bretonnes.

Aux Sables-d’Olonne pas de quotas : seules ont été mises en place des bornes d’accès ponctuelles afin d’éviter un cul de sac sur les quais du port de pêche.

Une nécessité économique
Mais si certains commencent à crier au loup… d’autres pays, notamment en Méditerranée, n’hésitent pas à faire des promotions répétées et à mettre en place des stratégies pour faire venir encore davantage de touristes car il en va de leur économie et de la subsistance de leurs populations.

Les Sables-d’Olonne veulent limiter les excès à certaines périodes lors des pics estivaux, mais pour le reste la Ville est dans la même démarche de soutien économique ; les élus et décideurs savent bien, et personne sur place ne le nie, qu’il y a un besoin absolu du tourisme afin de faire vivre la ville et ses habitants, afin d’équilibrer périodes estivales et périodes creuses automnales et hivernales.
Il en est de même pour le département de la Vendée qui s’appuie sur les rentrées financières en provenance du tourisme.

Le poids économique du tourisme est pour la Vendée de :
– plus de 2,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires direct et indirect (et 64 milliards d’€ pour la France)
– 37 018 emplois salariés
– 777 935 lits touristiques marchands et non marchands
– 36 millions de nuitées (60% sur le littoral).

Finalement le multiple estival de 6 aux Sables-d’Olonne reste modeste….!
Mais restons vigilants !
300.000 l’été en août aux Sables d’Olonne, on est encore loin du million et demi de touristes d’Etretat ou du Bassin d’Arcachon, ou des 3 millions du Mont-Saint-Michel !
Sans doute grâce au prix du Mojito aux Sables-d’Olonne qui doit faire fuir beaucoup de touristes…

Mais restons toutefois vigilants.
Les Sables-d’Olonne est à multiple de 6, à Noirmoutier le multiple est à 11 !
Et à plus de 1000 fois… pour l’île de Bréhat…
L’économie c’est bien, la qualité de vie aussi….

Philippe Brossard-Lotz

Le Reporter sablais

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