Vendée. Parution: les Vendéens et le Patrimoine religieux maritime (Réd. Les Sables-d’Olonne)
Vendée. Parution: les Vendéens et le Patrimoine religieux maritime (Réd. Les Sables-d’Olonne)
Quand la mer envahit le sanctuaire. Les Vendéens et leur patrimoine religieux maritime
par Anne BILLY et Jean-François HENRY
Cet ouvrage est le fruit d’une longue étude sur le patrimoine religieux maritime de la côte vendéenne, depuis le fond de la baie de Bourgneuf-en-Retz (avec l’ancienne île de Bouin) jusqu’aux confins du Marais poitevin.
Ce travail fut réalisé à quatre mains, Anne Billy et Jean-François Henry associant leurs regards et croisant leurs compétences.
Il a été rédigé en s’appuyant sur la mise en forme de 270 fiches portant sur les églises, les chapelles, les calvaires et de nombreux objets réunissant le monde de la mer et le fait religieux.
Ont été pris en compte, aussi bien les « signes » anciens que les pratiques religieuses actuelles (l’essentiel du travail a été réalisé de mars 2018 à septembre 2019), ainsi que les évolutions :
« On ne prie pas Dieu de la même façon au Moyen-Âge, à l’époque moderne ou contemporaine. Les aspirations et les modes d’expression ne sont évidemment pas les mêmes…« .
Deux parties essentielles ont été fixées:
– l’intérieur des sanctuaires;
– le paysage.
Mais aussi une partie immatérielle comme, par exemple, les chants.
Le souhait essentiel est que ce travail réalisé puisse faciliter la protection de ce patrimoine remarquable.
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Les sanctuaires ont évolué au fil des siècles, au fil des révolutions et des réformes religieuses.
Les noms protecteurs ont été conservés – Notre-Dame de Bon Port, Bonne-Nouvelle…etc…
Tout comme les représentations visant à la protection des marins : par exemple les fresques et vitraux mettant en exergue les bateaux de pêche et les marins.
Saint-Nicolas, protecteur des marins
Saint-Nicolas était au Moyen-Âge le protecteur des marins, une réalité souvent méconnue, car les références maritimes le concernant restent limitées en nombre.
Pour les auteurs, c’est la grande dévotion pour la Vierge Marie qui a réduit la présence de Saint-Nicolas (chapelles dédiées à Notre-Dame).
Pourtant Saint-Nicolas fut très vénéré tout le long littoral, pour preuve les églises Saint-Nicolas à La Chaume, à Brem, et même à Noirmoutier – St-Nicolas de Barbâtre – alors que l’île vénère le plus souvent St-Clément.
Dévotion des gens de mer
L’ouvrage vise « à mettre en avant la présence de signes matériels qui expriment la dimension maritime dans l’univers religieux. »
Il se veut aussi le témoignage de la profonde dévotion des gens de mer depuis des siècles, la preuve la plus visible étant la présence de croix dressées face à l’océan pour invoquer la protection divine.
Une dévotion qui réflète l’état d’esprit dans lequel se trouvaient les marins confrontés à une vie rude, à la violence de la mer, et à la mise en danger fréquente de leur vie.
Le nom du bateau: affichage religieux ou mystique
L’étude des noms de bateaux donnés par les marins, l’évolution de ces noms dans chacun des ports, voilà qui peut révéler des liens religieux et des interprétations mystiques…
Il y avait un lien très fort, mystique entre le marin et le nom de son bateau. Et un rapport « charnel » entre les deux, comme il pourrait l’être entre deux compagnons, car le marin remettait finalement sa vie entre les mains du bateau !
Les bateaux prenaient souvent le prénom d’un des enfants de l’armateur ce qui, de fait, entraînait une référence à un saint portant le même prénom.
Le fait religieux et la vie quotidienne
Les auteurs soulignent que croix et calvaires sont présents sur l’espace public montrant ainsi que le fait religieux a souvent accompagné la vie quotidienne des gens de mer, mais que – et la précision est d’iimportance – « tous les marins n’ont pas exprimé de la même façon leur besoin ou non de gestes religieux, certains ayant même manifesté des sentiments contraires. »
Tous les marins n’étaient pas, bien sûr, chrétiens – ou croyants – mais le danger permanent qu’il subissait, le rapport à l’infini, à la vie, à la mort qui était le leur, pouvait les amener à faire un choix discret comme celui de placer malgré tout un crucifix dans leur bateau ou une petite boîte contenant une Ste-Vierge.
Et lorsque la religion s’éloignait de la vie quotidienne, s’émoussait de manière trop voyante, alors il était habituel d’utiliser les Croix de mission dont l’objectif était de stimuler la foi.
Ainsi, tous les 7 ans, des prêtres « spécialisés » passaient trois semaines sur une paroisse afin de la « stimuler », à l’aide d’un orateur particulièrement brillant afin de convaincre d’éventuelles brebis égarées…
Les Cantiques (chansons populaires) étaient appropriés pour entraîner un sursaut, et Louis-Marie Grignion de Montfort en a usé abondemment dans la région (Compagnie de Marie et Frères de Saint-Gabriel).
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Richesse iconographique incomparable
Concernant l’ouvrage en lui-même et de son iconographie, force est de constater qu’il est remarquable dans sa richesse. De très nombreuses photos jalonnent l’ouvrage et grâce à la connaissance du sujet des deux auteurs, on y découvre des trésors parfois méconnus.
Il s’agit d’une véritable invitation à la promenade et à la découverte de lieux saints ou représentatifs de la dévotion des marins ou des fidèles.
Sommaire
Le sommaire de l’ouvrage montre une grande diversité d’angles traités: naufrages, Marie, sanctuaires, évangile, signes et symboles, calvaires, les pèlerinages et Fêtes de la Mer, marins et leurs navires dans une même destinée, refuges (Abri du Marin) etc….
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Nul doute que vous ne verrez plus les processions religieuses liées au monde de la mer ou les objets de dévotion de la même façon après avoir découvert ce livre que nous vous recommandons car il met en lumière un héritage vendéen insuffisamment connu.
Anne Billy est docteur en histoire de l’art du Moyen-Âge.
Elle est chargée d’études historiques pour les périodes médiévale et moderne au sein de la Conservation des Musées et des Expositions du Département de la Vendée.
Elle a déjà co-publié en 2021 un ouvrage sur L’Enseignement catholique en Vendée (1880 – 2000).
Jean-François Henry, docteur en histoire, licencié ès lettres et sciences de l’éducation, originaire de l’île d’Yeu. Il a consacré plusieurs ouvrages à l’histoire de l’île d’Yeu, notamment sous le règne de Louis XIV et pendant la Révolution. Il a publié par ailleurs de nombreux articles dans des revues. Il fut le conseiller scientifique d’expositions consacrées à l’île d’Yeu.
Il a publié en 2014 « L’Ile d’Yeu dans la Grande Guerre » ainsi que, en 2020, « Histoire maritime et fluviale des Pays de la Loire »
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